mots-clés : cranio-facio-synostoses – Crouzon – Apert – Pfeiffer – Saethre-Chötzen
en deux mots
il s’agit de maladies rares et graves qui associent une craniosténose (intéressant le plus souvent la coronale) et une faciosténose avec développement insuffisant de la région du maxillaire. les conséquences sont intra-crâniennes (compression cérébrale, risque de cécité), respiratoires (respiration buccale, défaut d’aération tympanique), et alimentaires (du fait de la respiration buccale et des malformations bucco-dentaires). La prise en charge est donc multidisciplinaire et s’étale tout au long de la croissance

étiologies
il s’agit le plus souvent de maladies génétiques dues à une mutation identifiée, soit connue dans la famille, soit apparue chez l’enfant, il s’agit alors d’une néo-mutation.
diagnostic
la faciosténose peut être apparente :
- dès la naissance, avec parfois une craniosténose sévère (crâne en trèfle), une faciosténose posant des problèmes respiratoires et alimentaires parfois au-delà de toute ressource
- voire en anténatal
- elle peut aussi apparaître de façon retardée chez un enfant présentant initialement une craniosténose apparemment isolée, car la croissance faciale est plus tardive que la croissance de la voûte crânienne.
la craniofaciosténose peut aussi être diagnostiquée en raison d’antécédents familiaux ; on peut noter un grande variabilité phénotypique au sein d’une même famille.

la confirmation génétique est souhaitable, en particulier lorsque le phénotype parental est minime, ainsi que pour le patient lorsqu’il atteint l’âge adulte.
les lésions
elles associent de façon variable :
- une craniosténose (le plus souvent brachy ou oxycéphalie, parfois une sténose
unicoronale, une craniosténose lambdoïde) ; la majorité des craniosténoses bicoronales sont syndromiques
- une faciosténose, qui apparaît souvent de façon retardée, et qui se manifeste par :
- un exorbitisme
- une rétrusion maxillaire
- une respiration buccale
- un trouble de l’aération tympanique
- un trouble de l’articulé dentaire
- souvent un engagement tonsillaire (Chiari), secondaire à l’hypertension intracrânienne ou à la fermeture des sutures de la base
- une hydrocéphalie, liée un trouble de résorption du LCS par hyperpression veineuse
les différents syndromes
ils présentent un recouvrement certain, au plan génotypique comme phénotypique.
-
- la maladie de Crouzon, liée à une mutation FGFR2 (Crouzon standard) ou FGFR3
Crouzon par mutation FGFR3 avec constitution progressive d’un acanthosis nigricans (Crouzon avec acanthosis nigricans) ; souvent compliquée de problèmes hydrauliques (hydrocéphalie, Chiari), elle s’accompagne à l’âge adulte de sténoses canalaires rachidiennes
- le syndrome de Pfeiffer, par mutation FGFR2, proche du Crouzon, se distingue par une hypertrophie du pouce et du gros orteil, et s’associe à des troubles respiratoires souvent sévères dès la naissance.
- le syndrome d’Apert, liée à une mutation FGFR2, elle s’associe à des malformations des membres avec syndactylie des mains et des pieds, parfois ankylose des genoux et des coudes ; le pronostic développemental est impacté, de manière proportionnelle à la gravité de l’atteinte des extrémités
- la maladie de Crouzon, liée à une mutation FGFR2 (Crouzon standard) ou FGFR3

- le syndrome de Saethre-Chötzen, par mutation du gène Twist, il présente des phénotypes très variables dans une même famille, avec parfois une craniosténose pure ; il peut même n’y avoir qu’une trigonocéphalie. ce syndrome se caractérise par des anomalies oculaires (ptosis), digitales (syndactylie membraneuse 3-4, bachymétacarpie du 4ème rayon), auriculaires (crux cymbae) et une implantation basse des cheveux
- le syndrome de Muenke, est lié à une mutation de FGFR3 P250 (identifiée par E Lajeunie) et associe une brachycéphalie sans faciosténose et souvent une surdité
- le syndrome d’Antley-Bixler : autosomique récessif, il associe une craniosténose, un retarde mental et une synostose radio-cubitale
- le syndrome de Carpenter, autosomique récessif, qui associe à une cranio-faciosténose, des anomalies digitales et une cardiopathie parfois sévère
- la mutation TCF12, ayant un phénotype proche du Saethre-Chötzen, mais le lobe de l’oreille est différent (anthélix allongé au dépens de la conque)
- mutation TCF12 familiale avec brachycéphalie et malformation d’oreille caractéristique
- la mutation ERF entraîne surtout une craniosténose, de type scaphocéphalie ou oxycéphalie ou pachycéphalie
les quatre premières sont les craniofaciosténoses « historiques », qui ont été décrites de longue date devant un phénotype assez univoque ; les suivantes ont été identifiées plus tardivement car leur phénotype est beaucoup plus variable. La liste n’est pas limitative.
traitement

suivant l’importance respective de la craniosténose et de la faciosténose, on décidera :
- d’une chirurgie en un temps (cranioplastie avec avancée faciale et distraction) à partir de l’âge de 9 mois

- d’une libération première des voies respiratoires (turbinectomie par voie trans-palatine) à la naissance
- d’une craniectomie périfrontale décompressive à la naissance, puis une ostéotomie faciale de type Le Fort 3 plus tard dans l’enfance.
- voire d’une simple surveillance dans certaines formes mineures
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